La randonnée Nautique : Au cœur de la course

Après la randonnée Kayak du Samedi, place à la Randonnée Nautique du dimanche. Il y a foule sur la grève de la Tremblade et il faut se frayer un chemin avant de déposer Curiosity et l'armer… pour la course. Effectivement, à la tente des préinscriptions, je reçois un nouveau tee shirt « RS », mais aussi mon dossard officiel. Mon numéro de course sera le « 66 ». L'épreuve est chronométrée... pour ceux que cela intéresse. Et c'est là tout le paradoxe de cet après midi avec d'un coté, de véritables pros du kayak de vitesse, à bord de machines radicales… tandis que d'autres participants ont la ferme intention de s'élancer avec des engins absolument improbables.

Avec mon petit Disco+, il ne s'agira évidemment pas d’exploser les chronos. Mais ma monture à tout de même un profil qui lui permet d'atteindre une vitesse raisonnable, suffisante en principe pour se détacher des kayaks type « loueurs » qui composent, il est vrai, la grande majorité de la flotte. Autant jouer le jeu et voir avec qui je pourrais comparer la vitesse de mon « Sit On Top ».

Voici la composition de la grille de départ du jour :

- 222 kayaks - 22 canoës - 20 voiliers - 13 SUP - 7 Planches à voile - 3 pirogues

Mon fidèle Disco est paré. Je suis dans les derniers à me mettre à l'eau. Sans avoir eu le temps de donner le moindre coup de pagaie, je suis déjà pris en sandwich par 2 kayaks. Dans le même temps, j'aperçois quelques sportifs à l'échauffement. Pour ma part, je n'en suis quand même pas à ce niveau de préparation et je me contente de regagner la sortie de la grève dans laquelle le gros du peloton patiente.

J’essaie de faire le tour par l'arrière, j'entame mon demi-tour… Et surprise, j'entends sur ma VHF que le décompte du départ est déjà entamé : 10, 9, 8…

La pression est là. Je suis englué dans un amas de kayaks, ce qui me plaît bien. J'ai bien l'intention de capturer quelques images spectaculaires du départ… 7, 6, 5… Le plan d'eau s'agite… 4, 3, 2… Les pagaies s’emmêlent les unes aux autres… 1 … Top départ !!! Les participants crient de joie, c'est grisant.

Instant magique d'improvisation où l'on entend les coques se cogner les unes contre les autres. Je suis au cœur du départ… et c'est bien. J'y vais doucement et je regarde au loin pour voir comment les choses se passent. Il y a de la précipitation et certains kayaks sont poussés par l'arrière. Cela provoque des barrages de routes inattendus. Il faut être patient et voir comment les choses évoluent avant de tenter d'appuyer quoi que ce soit avec sa pagaie.

Je remarque un mouvement plutôt général vers l’extérieur (bâbord). Je tente une option tribord qui s'avère très vite être une bonne idée. La voie se libère devant moi et je peux commencer doucement une montée en vitesse de croisière.

Moi qui ai plutôt l'habitude de naviguer en solitaire sur la mer, la sensation de ces premiers moments est palpitante. Je suis encore entouré d’embarcations qui vont à des allures et des trajectoires très différentes les unes des autres. Après avoir contourné pas mal de kayaks par Tribord, coté rive gauche, je choisi de croiser bâbord pour regagner le plus vite possible le milieu du plan d'eau. Cela me permet à la fois de trouver plus d'espace, mais aussi d'évaluer plus facilement les vitesses des autres kayaks par rapport à la rive.

Je suis lancé à ma vitesse de croisière maintenant, à environs 10 Km/h de moyenne (vitesse possible avec le courant favorable de la marée montante). Je ne peux pas faire beaucoup mieux avec le Disco. Pour aller au delà, il faut vraiment dépenser beaucoup plus d'énergie pour évacuer l'eau de part et d'autre de la coque. Le bénéfice de vitesse est faible par rapport à la dépense d'énergie. Je suis donc à ma bonne vitesse.

Après quelques minutes de navigation, les kayaks de tête sont déjà loin devant. Je peux avoir une petite idée de leur position avec les premières voiles qui doivent les accompagner alors qu'il y a encore un peu de vent en ce début d'épreuve. Autour de moi, petit à petit, les kayaks moins rapides que mon Disco disparaissent. Il reste alors quelques participants qui naviguent avec une vitesse similaire à la mienne. Je trouve tout d'abord un RTM Tempo vert et jaune qui longe la rive gauche et qui se trouve à la même hauteur que moi (a tribord, donc). J'ai aussi juste devant moi un canoë double jaune utilisé avec des pagaies kayak et qui réalise également une vitesse assez similaire à la mienne. Je finirai la « course » derrière eux sans jamais les avoir perdus de vue.

Dans le même temps, Je suis remonté par 2 kayaks pontés doubles et 2 autres kayaks de mer pontés K1 qui vont plus vite que moi. Je suis également dépassé par un Kayak à trois coques et à voile.

Au fur et à mesure que nous remontons la Seudre, le plan d'eau devient de plus en plus calme. J'ai en ligne de mire un SUP que je ne parviens pas à rattraper. C'est une surprise pour moi. Je ne pensais pas que ces engins pouvaient tenir ce genre de vitesse (je n'en croise jamais sur la mer en dehors des conches).

Alors que les 2/3 de l'épreuve ont été effectués, le vent faiblit sérieusement au point que je finis par rejoindre puis dépasser quelques voiles (PAV et Optimiste ou petit voilier).

J'approche de l'arrivée. La météo qui était menaçante depuis le départ, semble prête à passer à l'acte. Les première gouttes de pluie font leur apparition. En réalité, qu'il pleuve ou non n'a que peu d'importance quand on est sur un kayak d'autant que je suis parti habillé en prévision de cette météo là. Avec ma vitesse de croisière, je ne risque pas d'avoir froid. Plus tard, des grondements d'orages se feront entendre au loin.

L'Estuaire se rétréci sérieusement. J’aperçois la flèche de l'Eguille. Le courant de marée est en train de faiblir. Je termine légèrement sous les 10 Km/h lorsque je m'approche de la « plate » d'arrivée. Un kayak ponté plus rapide est sur mes traces et termine à 1 secondes de mon arrivée.

J'indique mon numéro de dossard au « commissaire de course » qui m'annonce, en retour, le temps qui sera retenu pour mon classement (1h28:10 pour un peu moins de 15 Km).

Il y a beaucoup d'observateurs sur le port. L'ambiance est vraiment particulière. Je rejoins le port de l'Eguille mais je n'ai pas envie de mettre pied à terre tout de suite. Je m'arrête juste vérifier que ma caméra est toujours opérationnelle (elle à tendance à « planter » aléatoirement, sans prévenir) puis je repars sur l'eau pour profiter encore un peu du moment, à petite allure, histoire de se refroidir progressivement. La pluie redouble sur l'aire d'arrivé, mais je m'en fiche.

J'aperçois une kayakiste du club de Saujon que j'avais déjà croisé en mer en 2014 (Voir Le 05/05/2014 sur ce même blog).

C'est alors qu'on m'appelle. C'est ZAMPANO qui m'a reconnu et avec qui j'ai navigué cette année au sud de l’île d’Oléron, devant Saint Palais sur Mer et dans le Marais Poitevin. Il m'indique que PAMPERO83838 ne va pas tarder à arriver (l'un n'allant pas sans l'autre). Ils accompagnent tout un groupe de kayakistes venu du bassin d’Arcachon spécialement pour participer à l’évènement (11 Kayaks en tout). Pour eux, la balade n'est pas tout à fait terminée puisqu'ils doivent maintenant redescendre la Seudre sur quelques kilomètres pour regagner leurs voitures stationnées dans un autre port. Je leur souhaite bonne route et leur donne rendez-vous pour la prochaine saison, en 2016.

Les meilleurs choses ont une fin. Je suis resté suffisamment longtemps sur l'eau pour assister à l'arrivée des derniers concurrents kayaks. Je finis par regagner la terre ferme, ce qui clôture définitivement ma saison Kayak 2015.

Le vent est complètement tombé maintenant, au point que les voiliers, partis après nous, sont bien en difficultés pour rejoindre le port de l'Eguille, d'autant que le courant est maintenant prêt à basculer dans l'autre sens. Quelques jolies voiles sont tout de même parvenues à venir saluer le podium final au cours duquel quelques prix distinctifs sont de nouveaux remis.

Au moment de terminer l'arrimage de mon Kayak à ma voiture, j'ai été rejoint par Ludovic de « Island Kayak Oleron » que j'avais rencontré à Saint Trojant le 20/07/2015 (cf images sur ce blog). Il était venu compléter la flotte de kayaks pour l’événement. Son petit bonjour m'a fait bien plaisir et j’espère pouvoir naviguer avec lui un jour prochain.

J'ai aperçu également des personnes que j'avais rencontrées au Moulin des Loges, de l'association Voile et Nature (Voir le 16/05/2015 sur ce même blog). Ils étaient assez occupés à gérer le stationnement des voiliers, je n'ai pas osé les déranger.

Pour l’anecdote, je termine 36 ème dans le classement général « brut » publié à ce jour. Dans la catégorie des kayaks monoplaces, j'obtiens le 19 ème chrono (en 1h28:10). C'est tout à fait honorable pour mon petit Disco. Le meilleur temps est 54:15 (Paul EYQUEM du club de Saujon). Une autre planète.

Mais ce que je retiens surtout, c'est le plaisir que j'ai eu à participer à ce magnifique événement qu'est la Remontée de la Seudre. Chacun y trouve son compte, d'une façon ou d'une autre. Les familles y passent d'excellents moments. Les sportifs peuvent se mesurer (venez donc défier le club de Saujon pour voir). Le potentiel et la richesse de la région est parfaitement mis en valeur avec la mobilisation de beaucoup d'énergie.

Le meilleur remerciement que je puisse faire à ceux qui ont créé cet événement et qui l'ont porté à ce qu'il est devenu aujourd'hui… C'est de leur assurer que je serai présent dès la prochaine édition. Le Rendez-vous est pris en 2016 pour la 20 éme RS.